Bonjour Dr Alcaraz,
Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
Docteur Alcaraz : Je suis, Oncologue radiothérapeute au centre Oncogard depuis 2002 et en suis également un des co-gérants.
Quelle est votre fonction au sein d’Oncogard ?
Docteur Alcaraz : J’ai une double compétence en oncologie radiothérapie et en oncologie médicale.
À mon arrivée je prenais en charge tous types de pathologies cancéreuses puisque nous n’étions que quatre cancérologues entre Nîmes et Alès. Le cabinet a nettement évolué, aujourd’hui, pour ma part, et ce depuis quelques années, je m’occupe plus spécifiquement des tumeurs digestives.
Quelle est la formation que vous avez réalisée pour exercer ce métier ?
Docteur Alcaraz : Après des études de médecine à la faculté de Marseille, j’ai fait mon internat à Clermont-Ferrand, au CHU et au centre Jean Perrin. J’ai obtenu un poste de chef de clinique assistant des hôpitaux au CHU de Tours.
Je me suis installé en 2002 à Nîmes au sein du Centre Oncogard.
Depuis combien d’années faites-vous ce métier ?
Docteur Alcaraz : Diplômé en 1999, cela fait donc 24 ans que j’exerce.
Quelle est votre journée type ?
Docteur Alcaraz : En début de journée, je prends connaissance des bilans sanguins, des différents courriers reçus.
Puis on s’assure de la validation des chimiothérapies du jour.
En tant que radiothérapeute, je valide également la réalisation des traitements en fonction des images de contrôle de la veille. Après quoi je prends connaissance du planning de la journée et notamment des consultations qui débutent en général à 9h.
On distingue différents types de consultation :
– les consultations de nouveaux patients dite de “première fois”.
– les consultations de surveillance (patient ayant terminé leur traitement)
– les consultations avant la chimiothérapie que l’on appelle “consultation de précure”, et qui nous servent à surveiller la tolérance des différents traitements (chimiothérapie, immunothérapie, thérapie ciblée ou traitement oral afin d’adapter les doses en fonction des toxicités).
– il y a également les consultations qui concernent l’évaluation de l’efficacité des traitements où l’on étudie les différents bilans notamment radiologiques.
Avec qui travaillez-vous au quotidien ?
Docteur Alcaraz : La secrétaire est sans doute la personne avec qui je collabore le plus dans la journée.
Chaque médecin du centre de par son activité développe des façons de travailler assez spécifiques.
Les secrétaires médicales prennent des habitudes de travail en fonction du médecin associé, formant ainsi un véritable binôme. Ceci nous simplifie grandement la tâche au quotidien.
On collabore bien sûr avec les infirmières de la clinique Kenval au sein de l’Institut et les différents personnels paramédicaux et administratifs.
En tant que radiothérapeute, mon travail s’intègre également dans une équipe composée de : Physiciennes, dosimétristes et manipulateurs où chacun tient un rôle bien précis et coordonné.
Enfin, il y a les fonctions administratives de gestion du centre assumées en grande partie par le Docteur Eric Legouffe et moi-même. Nous sommes donc amenés à échanger quotidiennement ensemble, avec notre Directrice administrative.
Pourquoi avez-vous choisi ce métier?
Docteur Alcaraz : Lycéen, j’étais intéressé par la recherche médicale et particulièrement par le cancer. Celui-ci me semblait fondamental de par sa gravité et les progrès restant à faire.
En discutant avec différentes personnes on m’a conseillé de m’orienter davantage sur des études médicales plutôt que scientifiques.
Une fois engagé dans le cursus médical, je me suis aperçu que l’activité de soins était pour moi une révélation me faisant oublier mon idée de départ qui était de m’orienter sur une carrière de chercheur scientifique.
Quant au choix de la cancérologie, là-aussi au cours de mon parcours d’étudiant j’ai été conforté dans cette idée de poursuivre dans ce domaine riche et passionnant.
Pourquoi avoir choisi l’oncologie radiothérapie plutôt que l’oncologie médicale ?
Docteur Alcaraz : Au début de mon internat, j’hésitais entre cancérologie et réanimation.
J’ai effectué un premier semestre dans un service de réanimation polyvalente. Les médecins du centre m’ont fait comprendre que les débouchés étaient plus souvent orientés anesthésie, spécialité qui ne me plaisait pas du tout.
J’ai effectué mon deuxième semestre au centre de lutte contre le cancer dans un service d’oncologie médicale. L’encadrement des internes étaient un petit peu aléatoire avec le sentiment d’être davantage formé par la surveillante et l’infirmière principale du Centre (deux femmes exceptionnelles au demeurant), plutôt que par les médecins senior.
Mon 3ème semestre a été effectué dans le service de radiothérapie avec une prise en charge au sein d’une réelle équipe avec des tâches bien définies et un travail encadré par les supérieurs.
J’ai découvert dans la radiothérapie une spécialité à la fois technique et clinique, donc très polyvalente. Cet aspect m’a alors beaucoup plu.
En général, le choix de notre orientation est souvent le résultat d’un parcours, de rencontres et de révélations. La radiothérapie l’a été pour moi, mais je n’ai jamais voulu abandonner la prise en charge médicale chimiothérapique. J’ai gardé cette double spécialité en radiothérapie et en cancérologie clinique.
Aujourd’hui quand on regarde mon activité dans les tumeurs digestives , elle est dédiée à
– 85% d’activité d’oncologie médicale.
– 15% d’activité de radiothérapie.
Qu’est ce que vous aimez le plus dans votre métier ?
Docteur Alcaraz : Ce qui me plait le plus dans mon métier c’est qu’il nécessite un travail en équipe. Pour prendre en charge un cancer, c’est un mélange de compétences, de différentes disciplines, d’échanges avec les Confrères et les différents acteurs de la prise en charge : qu’ils soient dans le domaine médical ou paramédical.
Bien sûr il y a les victoires sur la maladie qui nous stimulent, les bonnes nouvelles sont plus faciles à annoncer que les mauvaises, mais c’est en cela que notre métier est riche. On retient sa dimension de rapports humains très particuliers et ce rapport singulier que l’on entretient avec nos patients du fait de la maladie grave.
Qu’est ce qui vous donne plus de satisfaction ?
Docteur Alcaraz :Notre satisfaction, c’est d’aider les patients avant tout, même si notre démarche n’est parfois que palliative, on a toujours l’envie néanmoins de les soulager, de rendre service à travers les soins.
Bien sûr, les nombreuses victoires que l’on obtient de plus en plus nous aident à adoucir les échecs qui persistent. C’est notre moteur pour continuer ce métier.
Quelles sont les difficultés liées au métier?
Docteur Alcaraz : Les difficultés sont conjoncturelles, avec depuis quelques années une pénurie de médecins mais également dans le domaine paramédical. Cela rend plus difficile la prise en charge des malades avec le sentiment de parfois ne pas leur consacrer assez de temps.
Je ne m’étendrai pas sur les difficultés d’échanges et de compréhension que l’on connaît parfois avec les autorités de tutelle dont le discours très administratif paraît parfois bien loin de la préoccupation des malades et des soignants.
Quelles sont les qualités requises pour exercer ce métier ?
Docteur Alcaraz : Il faut aimer les rapports humains c’est indispensable, On ne peut pas faire Cancérologie si l’on n’aime pas ce rapport singulier avec les patients. On se surprend d’ailleurs parfois, au cours d’une consultation, à discuter de tout et de rien plutôt que d’aborder les sujets médicaux.
Il faut bien sûr avoir de l’empathie, mais savoir également se protéger. Prendre une certaine distance tout en faisant preuve de rigueur.
S’il fallait résumer votre métier en trois mots.
Docteur Alcaraz : Echange, évolution et rigueur.